Seule une femme sur 3 est correctement protégée contre le paludisme, maladie mortelle et cependant évitable, pendant la grossesse.
Genève, le 6 octobre 2020 - Le Partenariat RBM, pour en finir avec le paludisme, lance ce jour un appel pressant à l’intention des dirigeants et des décideurs en matière de santé en Afrique pour améliorer la protection de millions de femmes enceintes et leurs nouveau-nés face aux conséquences dévastatrices du paludisme pendant la grossesse.
Le paludisme affecte plus particulièrement les femmes enceintes et les enfants en Afrique subsaharienne, une menace à présent exacerbée par la pandémie de Covid-19. Quelque 11 millions de femmes enceintes en Afrique subsaharienne ont été contaminées par le paludisme en 2018 (29 % des grossesses), ce qui a engendré une insuffisance pondérale à la naissance chez près de 900 000 enfants, l’une des principales causes de mortalité infantile[1]. Même si les enfants de faible poids à la naissance survivent, leur croissance et leur développement cognitif en pâtissent sérieusement[2]. Le paludisme maternel est également responsable chaque année de 20 % des mortinaissances en Afrique subsaharienne[3].
Si les progrès de ces dernières années sont indéniables, plus des deux tiers des femmes éligibles de 36 pays d’Afrique subsaharienne n’avaient pas reçu dans son intégralité le traitement préventif intermittent et salvateur contre le paludisme pendant la grossesse en 2018[4].
« Une bonne santé passe d’abord par une prise en charge sanitaire adéquate des femmes enceintes et des enfants. Le fait de protéger les femmes enceintes, les enfants à naître et les nouveau-nés du paludisme permettra d’améliorer la santé des mères et de leurs jeunes enfants au cours de ces 5 premières années de vie qui sont cruciales pour la suite et pouvant contribuer à la réalisation des objectifs de l’Afrique en matière de santé et de développement », explique Son Excellence, la Première dame de la République du Ghana, Rebecca Akuffo-Addo.
Même si plus de 90 % des campagnes d’intervention contre le paludisme devraient se dérouler comme prévu, notamment à travers la distribution de moustiquaires et les campagnes de chimioprévention du paludisme saisonnier, on s’attend à ce que le nombre de cas et la mortalité associés au paludisme augmentent cette année. Au moment où la pandémie de Covid-19 continue de faire des ravages, des millions de personnes, en particulier des femmes enceintes et des enfants, sont à la merci du paludisme du fait des perturbations engendrées par la pandémie dans les services de santé de base, comme les soins prénatals et le diagnostic et le traitement du paludisme.
Le Partenariat RBM a décidé de réagir en lançant son appel à l’action « Speed Up Scale Up » [Accélérer le passage à échelle] dont l’objectif est d’étendre l’accès aux traitements préventifs intermittents pendant la grossesse (TPIg) en procurant un minimum de 3 doses d’antipaludique de qualité (sulfadoxine-pyriméthamine ou SP) à toutes les femmes éligibles en Afrique subsaharienne d’ici 2025.
Les gouvernements et les responsables de la santé sont également invités à soutenir les efforts de prévention, de dépistage et de traitement du paludisme chez les femmes enceintes et les autres populations à risque, de manière à ce que la réponse à la pandémie de Covid-19 ne compromette pas la fourniture de services vitaux[5].
« Dans le contexte de cette pandémie de Covid-19, il est essentiel de ne pas négliger les autres maladies mortelles comme le paludisme, sous peine de voir le nombre de décès augmenter de façon dramatique. Les traitements préventifs intermittents pendant la grossesse sont une thérapie simple et peu onéreuse qui permet de sauver la vie des nouveau-nés et d’éviter tout effet négatif sur leur développement ultérieur. Il convient de généraliser le recours au TPIg-SP dans tous les pays où ce traitement est recommandé », déclare Dr Aminata Cissé, ép. Traoré, directrice adjointe des services de santé reproductive à la Direction générale de la santé et de l’hygiène publique du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique au Mali.
Utilisé concomitamment avec les moustiquaires imprégnées d’insecticide, le TPIg-SP est une intervention simple et extrêmement rentable recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ce traitement est proposé aux femmes enceintes en Afrique au sud du Sahara, dans le cadre des soins prénatals afin de réduire l’anémie maternelle et de limiter le risque que l’enfant à naître ne souffre d’insuffisance pondérale.
— Fin —
Notes aux rédacteurs en chef
Contexte :
La grossesse réduit l’immunité de la femme face au paludisme, ce qui la rend plus vulnérable à l’infection et l’expose de ce fait à un risque accru de développer la maladie, de souffrir d’une forme grave d’anémie et de mourir. Le paludisme maternel perturbe également la croissance du fœtus, accroît le risque d’un accouchement prématuré et d’une insuffisance pondérale à la naissance, une cause majeure de mortalité infantile (source : OMS).
En 2015, le Partenariat RBM a lancé un appel à l’action pour généraliser l’administration du TPIg. Les cinq années qui ont suivi ont été marquées par des progrès constants. En 2016, 36 pays africains ont adopté une politique recommandant l’administration d’au moins trois doses de TPIg aux femmes enceintes.
Des projets initiés en 2017 évaluent l’efficacité de la distribution communautaire de TPIg avec SP de qualité au Burkina Faso, en République démocratique du Congo, à Madagascar, au Malawi, au Mozambique et au Nigeria et, pour renforcer la qualité de l’approvisionnement mondial en SP destiné au TPIg, trois fabricants africains reçoivent depuis 2018 un soutien leur permettant de produire de la SP de qualité, conditionnée expressément pour le TPIg.
L’appel à l’action « Speed Up Scale Up » [Accélérer le passage à échelle] vise à mobiliser la communauté internationale afin que toutes les femmes éligibles aient accès à ce traitement salvateur, et ce en :
- garantissant aux femmes enceintes un accès ininterrompu aux soins prénatals (SPN) dans le cadre du modèle des 8 contacts ;
- veillant à ce que les services associés à la lutte contre le paludisme pendant la grossesse demeurent une composante essentielle des SPN pendant la pandémie de Covid-19, quitte à modifier les processus pour assurer la distanciation sociale ainsi que les mesures de prévention et de contrôle des infections ;
- assurant un financement adéquat ;
- renforçant la collaboration et les partenariats entre les divers programmes nationaux de lutte contre le paludisme et de santé reproductive / maternelle et infantile.
Pour de plus amples informations, presse uniquement :
Si vous êtes membre de la presse et désirez des renseignements complémentaires ou souhaitez organiser une entrevue, vous pouvez contacter le service de presse du Partenariat RBM géré par l’agence Grayling en envoyant un courriel à l’adresse RBMPartnership@grayling.com.
Les porte-parole suivants se tiennent à votre disposition pour répondre à vos questions :
- Julie Gutman, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques et épidémiologiste médicale au Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)
- Maurice Bucagu, médecin-conseil, service de santé maternelle à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
Pour en savoir plus sur l’appel mondial à l’action, rendez-vous sur le site : https://endmalaria.org/fr
Pour télécharger le dossier médias sociaux : https://endmalaria.org/fr
Pour plus d’informations sur le paludisme pendant la grossesse : https://endmalaria.org/fr/our-work-working-groups/grossesse-et-paludisme
Pour plus de précisions sur le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme : https://endmalaria.org/fr
Cet appel mondial à l’action a été préparé par les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies, Jhpiego, l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres [London School of Hygiene and Tropical Medicine], Malaria Consortium, le Partenariat médicaments contre le paludisme [Medicines for Malaria Venture], le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, Speak Up Africa, l’Initiative présidentielle de lutte contre le paludisme, l’Organisation mondiale de la Santé, le programme Impact Malaria et le Fonds mondial.
[1] Organisation mondiale de la Santé. Rapport mondial sur le paludisme 2019.
[2] Organisation mondiale de la Santé. Rapport mondial sur le paludisme 2019.
[3] Organisation mondiale de la Santé. Rapport mondial sur le paludisme 2019.
[4] Ibid.