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30 novembre 2023 : D’après les nouvelles constatations publiées aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son Rapport sur le paludisme dans le monde 2023, le nombre de cas de paludisme dans le monde a augmenté entre 2019 (avant la pandémie) et 2022. Le nombre de cas a augmenté de 16 millions au cours de cette période, passant de 233 millions à 249 millions, ce qui représente une augmentation de 7 %.

L’Afrique reste le continent le plus touché par le paludisme, avec 94 % des cas de paludisme dans le monde et 95 % des décès. Toutefois, les cinq millions de cas supplémentaires observés entre 2021 et 2022 se concentrent essentiellement dans cinq pays : le Pakistan, l’Éthiopie, le Nigeria, l’Ouganda et la Papouasie–Nouvelle-Guinée. Au Pakistan, l’incidence de la maladie a été multipliée par cinq.

On estime à 608 000 le nombre de décès dus au paludisme survenus en 2022, contre 576 000 en 2019. La pandémie de COVID-19 a entraîné d’importantes perturbations des services de lutte contre le paludisme, avec pour conséquence une augmentation de l’incidence du paludisme et des taux de mortalité. Depuis lors, les pays où le paludisme est endémique sont parvenus à stabiliser ces taux avec l’aide de partenaires du monde entier. Cependant, les données de l’OMS montrent que la situation mondiale quant au paludisme est plus grave aujourd’hui qu’avant 2019.

Pour la première fois, l’OMS indique également que le changement climatique constitue une menace croissante pour la lutte contre le paludisme. Le paludisme est extrêmement sensible au changement climatique, car la température, les précipitations et l’humidité influencent toutes plusieurs dynamiques de transmission du paludisme, dont la capacité vectorielle du paludisme. En outre, le changement climatique peut avoir de nombreux effets indirects sur la transmission du paludisme en raison de la réduction de l’accès aux services de santé essentiels et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement en produits essentiels à la lutte contre le paludisme (tels que les moustiquaires imprégnées d’insecticide et les médicaments), ainsi que des déplacements de population et de l’augmentation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.

Parmi les effets attendus du changement climatique, des cas de paludisme seront observés dans des zones géographiques différentes de celles où ils sont concentrés aujourd’hui. Le rapport met en garde contre le réchauffement des régions actuellement exemptes de paludisme, qui pourrait entraîner l’apparition de la maladie dans ces régions, comme cela a déjà été observé sur les hauts plateaux africains. Les nouvelles zones touchées pourraient être particulièrement exposées aux épidémies de paludisme, compte tenu des faibles niveaux d’immunité des populations locales. A contrario, d’autres régions pourraient connaître une diminution des cas de paludisme, les conditions n’y convenant plus aux moustiques.

L’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes observés dans le monde entier devrait également poser problème, car elle pourrait entraîner de grandes épidémies de paludisme comme cela a été le cas au Pakistan à la suite des inondations de 2022. De nombreux effets indirects du changement climatique sont également attendus en raison des déplacements de populations et de l’interruption des chaînes d’approvisionnement et des services. 

 

Le Dr Michael Charles Adekunle, Président-directeur général du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, explique :

« Ce rapport devrait constituer un sévère avertissement pour les dirigeants du monde entier : nous devons redoubler d’efforts pour lutter contre le paludisme dès maintenant. Les grandes étapes que nous aurions dû atteindre en 2020 ne l’ont toujours pas été en raison de nombreuses variables telles que la COVID-19, l’incertitude politique et l’insuffisance du financement. L’OMS a clairement indiqué que le monde était loin d’être débarrassé du paludisme.

Les effets du changement climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes se font déjà sentir et de nouveaux endroits voient les cas de paludisme monter en flèche, comme au Pakistan à la suite des inondations.

Chaque année d’attente rendra l’éradication de la maladie d’autant plus difficile, le changement climatique s’accélérant et amplifiant les pressions auxquelles nous sommes déjà confrontés en raison de l’épuisement des ressources et de la résistance croissante aux outils. Il nous est encore possible d’éradiquer le paludisme, mais seulement si nous agissons et nous investissons dès maintenant. »

Les progrès accomplis grâce aux efforts des pays pour lutter contre le paludisme restent encourageants. On estime que 549 millions de cas et 2,820 millions de décès ont été évités entre 2020 et 2022, notamment grâce aux programmes, outils et traitements contre le paludisme.

Par ailleurs, un événement important pour la prévention du paludisme s’est produit cette année, avec la recommandation par l’OMS d’un deuxième vaccin (R21), dont l’utilisation doit s’intensifier parallèlement à celle du vaccin existant, le RTS,S. La chimioprévention du paludisme saisonnier s’est considérablement développée : le nombre d’enfants traités au cours de la dernière décennie est passé de 0,2 million en 2012 à 49 millions l’année dernière.

Les pays où le nombre de cas est peu élevé ont également bien progressé vers l’éradication de la maladie. Cette année, l’Azerbaïdjan, le Belize et le Tadjikistan ont été officiellement certifiés exempts de paludisme. Le Cap-Vert, le Timor-Leste, l’Arabie saoudite, le Bhoutan et le Suriname ont également déclaré ne pas avoir enregistré de cas autochtone en 2022.

Néanmoins, il est peu probable que ces progrès suffisent à retenir la marée, car la menace du changement climatique s’ajoute aux difficultés actuelles, croissantes, à savoir :

  • la résistance aux insecticides ;
  • l’insuffisance du financement ;
  • l’augmentation de la résistance aux médicaments antipaludiques en Afrique ;
  • l’invasion d’un nombre croissant de pays d’Afrique par le moustique vecteur Anopheles stephensi ;
  • des crises humanitaires dans 41 pays où le paludisme est endémique, entre 2019 et 2022. Nombre de ces pays ont connu une augmentation significative de l’incidence du paludisme.

Les interventions telles que les moustiquaires de lit, le vaccin et la chimioprévention du paludisme saisonnier, bien que cruciales, ne peuvent pas résoudre le problème à elles seules, et si à l’échelle mondiale, 4,1 milliards de dollars ont été dépensés pour lutter contre le paludisme en 2022, ce montant est bien inférieur aux 9,3 milliards de dollars jugés nécessaires d’ici 2025. 

Joy Phumaphi, présidente du Conseil d’administration du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme et secrétaire exécutive de l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme, déclare :

« Nous devons agir dès maintenant pour faire face aux nombreuses menaces qui pèsent sur la lutte contre le paludisme. Nous devons remédier aux graves déficits de financement liés à la crise financière mondiale actuelle par un financement intégré et innovant, faire face à la menace de la résistance aux médicaments et aux insecticides en accélérant la mise au point de médicaments, d’insecticides et de moustiquaires de nouvelle génération plus efficaces, et admettre que nous ne pourrons pas inverser la tendance observée dans la lutte contre le paludisme si nous ne prenons pas de mesures urgentes pour parer à la menace croissante que fait peser le changement climatique sur la santé. »

Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ajoute :

« Le rapport décrit avec précision l’impact du changement climatique sur la santé et met en évidence le déplacement des régions géographiques, l’évolution des cycles saisonniers et les phénomènes météorologiques extrêmes, autant d’éléments qui font qu’il sera plus difficile de rayer de la carte le paludisme. Il nous est encore possible d’éradiquer le paludisme si nous agissons dès maintenant, mais chaque année perdue rendra la tâche plus difficile à cause des effets du changement climatique. »

Le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme appelle les pays donateurs, les dirigeants et les décideurs politiques à accroître leur soutien à la lutte pour l’éradication du paludisme dans le monde entier avant qu’il ne soit trop tard.

Lors de la COP28, le Partenariat RBM précisera également les domaines clés dans lesquels les gouvernements, les organisations multilatérales et les autres parties prenantes essentielles peuvent apporter leur soutien. Entre autres, il demandera une aide pour les principes directeurs pour le financement de la lutte contre le changement climatique et des solutions sanitaires afin d’atténuer les effets du changement climatique sur le paludisme, et il plaidera pour que les responsables politiques mettent en évidence le lien entre le paludisme et le changement climatique et investissent dans les données et la science, afin de garantir la réponse la plus efficace et la plus équitable possible.

 

 

Ressources

World malaria report 2023
Global messaging: World malaria report 2023
Regional data and trends: World malaria report 2023
WHO Q&A on the World malaria report 2023
WHO Malaria Toolkit app

Resources


 

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