Genève, le 23 avril 2020 – À la veille de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, le 25 avril, alors que le monde est aux prises avec la pandémie de COVID-19, le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme appelle les pays à agir dès maintenant pour éviter près de 400 000 décès supplémentaires dus au paludisme.
Le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, ainsi que ses partenaires mondiaux et régionaux, dont l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, exhortent les dirigeants des pays touchés par le paludisme de profiter de la « fenêtre d'opportunité » dont ils disposent actuellement, avant la saison des pluies, pour sauver des vies et éviter la surcharge des systèmes de santé.
Cet appel fait suite à une nouvelle étude de modélisation de l'OMS, qui suggère que de graves perturbations dans les campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide et dans l'accès aux médicaments antipaludiques, causées par le COVID-19, pourraient entraîner un doublement des décès dus au paludisme, avec un bilan pouvant atteindre 800 000 morts en 2020. Selon le dernier Rapport sur le paludisme dans le monde, environ 400 000 personnes sont décédées du paludisme, soit le niveau le plus bas depuis 20 ans.
Les pays appelés à « agir rapidement »
Alors que la pandémie actuelle pèse lourd sur les systèmes de santé disposant de peu de ressources, en particulier sur le continent africain, qui supporte 90 % de la charge mondiale du paludisme, ainsi que dans certaines régions d'Asie et d'Amérique latine, la communauté de lutte contre le paludisme demande à ces pays de poursuivre des interventions antipaludiques qui jouent un rôle crucial dans l'accélération du diagnostic et du traitement au niveau communautaire. Ces interventions portent notamment sur la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide de longue durée et de traitements préventifs chez les femmes enceintes et les enfants, qui courent le plus grand risque de mourir d'une piqûre de moustique, ainsi que la prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire dans le cadre des services de santé essentiels.
Le Dr Abdourahmane Diallo, directeur général du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, a indiqué : « À mesure que le COVID-19 se propage dans le monde entier, nous devons veiller à ce que les efforts déployés pour contenir le virus ne compromettent pas l'accès à des services vitaux de prévention, de diagnostic et de traitement du paludisme. En 2018, les investissements dans la lutte contre le paludisme ont permis de sauver près de 600 000 vies et d’éviter près de 100 millions de nouvelles infections par rapport aux niveaux de l'année 2000. Si on arrête ces financements et des interventions vitales qui pourraient être menées avec les précautions nécessaires, cette année pourrait voir une augmentation exponentielle du nombre de décès dus au paludisme. Face au COVID-19, les pays doivent agir dès maintenant pour sauver des vies, protéger les progrès durement acquis et renforcer les systèmes de santé, qui constituent notre première ligne de défense contre les menaces existantes et émergentes pour la santé publique. »
Le diagnostic et le traitement précoces du paludisme au niveau communautaire sont essentiels pour éviter une aggravation des cas, qui pourrait souvent mener à une hospitalisation et même au décès des patients. En 2018, les enfants de moins de cinq ans représentaient près des deux tiers des décès dus au paludisme dans le monde et une femme enceinte sur trois en Afrique subsaharienne était infectée par le paludisme.
Les investissements mondiaux dans la lutte contre le paludisme ont contribué à sauver 7 millions de vies et à éviter plus d'un milliard de cas de paludisme depuis 2000 – des progrès qui sont actuellement menacés par le COVID-19. Ces investissements ont également contribué à renforcer les capacités des pays touchés par le paludisme en matière de soins de santé, leur permettant ainsi de lutter contre le paludisme et d'autres maladies et contre les nouvelles menaces comme le COVID-19, à travers les mesures suivantes :
- formation de dizaines de milliers de travailleurs de la santé à la réalisation d'un diagnostic et d'un traitement précoces et à la prise en charge communautaire intégrée des personnes atteintes de paludisme/fièvres ;
- amélioration de l'accès aux traitements vitaux, aux diagnostics rapides et aux interventions de prévention ;
- mise en place des systèmes de données pour améliorer la surveillance en temps réel des maladies infectieuses ;
- amélioration des chaînes d'approvisionnement et de la disponibilité de médicaments et d'équipements médicaux efficaces ;
- renforcement des capacités des laboratoires nationaux.
Les pays se mobilisent en réponse au COVID-19
Plusieurs pays ont déjà répondu à l'appel à poursuivre leurs programmes de lutte contre le paludisme tout en prenant des mesures de précaution contre le COVID-19. On peut notamment citer le Bénin, le Tchad et le Niger, qui poursuivent leurs campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide, ainsi que le Kenya, le Malawi et le Ghana, qui continuent de vacciner les enfants contre le paludisme dans le cadre de programmes pilotes de vaccination contre le paludisme annoncés lors de la Journée mondiale du paludisme l'année dernière.
Dans le même temps, plusieurs pays de la région Asie-Pacifique sont en passe d'éliminer le paludisme. Au milieu de l'épidémie de COVID-19, la Malaisie, qui n'a enregistré aucun cas de paludisme autochtone depuis 2018, a fourni des conseils sur l'adaptation de la réponse au paludisme dans le pays pour éviter une recrudescence. Le Vanuatu, pays du Pacifique, a avancé de deux ans ses objectifs nationaux d'élimination, qui sont maintenant fixés pour 2023. D’autre part, les partenaires du secteur privé de l'initiative M2030 ont pris des mesures pour répondre au COVID-19 et atténuer les impacts sur les programmes de lutte contre le paludisme déjà en place au Myanmar et en Indonésie.
Le paludisme récurrent (P. vivax), qui peut réapparaître sans signe précurseur, est la forme prédominante de paludisme sur le continent américain, où il est responsable de 75 % des cas. Au niveau mondial, quatre pays, dont le Brésil, ont maintenant approuvé le premier traitement radical en dose unique contre P. vivax, qui élimine la forme dormante du parasite dans le foie, ce qui sera crucial pour parvenir à l’élimination du paludisme. En outre, Haïti a mis en place un plan de réponse au COVID-19 et travaille à obtenir des ressources adéquates et à garantir que les activités de lutte contre le paludisme ne soient pas interrompues.
Des activités en ligne pour la Journée mondiale de lutte contre le paludisme
Avec le thème « Zéro palu ! Je m'engage », la Journée mondiale contre le paludisme de cette année réaffirme qu'il est du pouvoir et de la responsabilité de chacun, où qu'il vive, de veiller à ce que personne ne meure d'une piqûre de moustique. Ce thème vise à rappeler aux citoyens du monde entier, et en particulier dans les pays touchés par le paludisme, la responsabilité personnelle que nous avons tous de protéger les communautés contre cette maladie et de demander des comptes aux gouvernements pour en finir avec cette maladie évitable.
Pour marquer cette journée mondiale de sensibilisation, une série d'activités en ligne sont organisées pour informer l'ensemble des milieux de la santé sur la lutte contre le paludisme, parmi lesquelles :
- Des « applaudissements virtuels », le 25 avril, réunissant des personnes du monde entier sur les réseaux sociaux pour remercier les professionnels de santé travaillant en première ligne dans la lutte contre le paludisme, le COVID-19 et d'autres maladies.
- Une intervention en direct sur les pages de réseaux sociaux du Partenariat RBM dans le cadre d'une carte blanche au Dr Elvis Eze, médecin qui est né et a grandi au Nigeria qui a exercé au sein du Service de santé national britannique. Le Dr Eze abordera le défi mondial que représente le paludisme, son rôle d'ambassadeur de la communauté mondiale de lutte contre le paludisme et son expérience de la souffrance et du traitement des patients atteints de paludisme au Nigeria.
Le thème « Zéro Palu ! Je m’engage » s'inspire du mouvement panafricain du même nom, qui vise à mobiliser les dirigeants politiques, le secteur privé, les communautés et l'ensemble des membres de la société, et à leur permettre de prendre des mesures qui protégeront leurs familles et contribueront à l'épanouissement des communautés et des pays.
Le public dans le monde entier est invité à participer aux discussions sur les réseaux sociaux en utilisant les hashtags suivants : #WorldMalariaDay, #ZeroPalu et #endmalaria.
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Contact
Pour organiser une interview ou en savoir plus sur le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, veuillez contacter le service de presse du Partenariat RBM à l'adresse suivante : RBMPartnership@grayling.comou appeler le +44 (0) 20 3861 3747.
Pour en savoir plus sur la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, veuillez consulter la page https://endmalaria.org/fr/journ%C3%A9e-mondiale-de-lutte-contre-le-paludisme
Pour découvrir les dernières communications et ressources sur le COVID-19 et le paludisme, consultez le site https://endmalaria.org/fr/covid19etpaludisme
À propos du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme
Le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme est la plus grande plate-forme mondiale d'action coordonnée contre le paludisme. Initialement créé sous le nom de Partenariat Roll Back Malaria (RBM) en 1998, il mobilise les efforts pour l’action et les ressources et forge un consensus entre les partenaires. Le Partenariat rassemble plus de 500 partenaires, dont des pays impaludés, leurs partenaires bilatéraux et multilatéraux de développement, des acteurs du secteur privé, des organisations non gouvernementales, des organisations communautaires, des fondations, des instituts de recherche et des établissements d’enseignement supérieur. https://endmalaria.org/fr
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